Révision d’une pendule œil de Boeuf du XIX°

Mouvement Vincenti, médaille d’argent 1855, numéro 148 508

La pendule est un Oeil de Boeuf en bois verni munie d’un mouvement Vincenti Médaille d’Argent 1855 numéro 148 508.

Le mouvement est de type « mouvement de Paris » avec sa sonnerie à chaperon, j’y reviendrai plus loin.

Bien qu’il soit sale, le mouvement est en bon état, mais il a besoin d’une révision complète pour bien fonctionner, c’est à dire démontage complet, nettoyage de toutes les pièces, remontage et calage de la sonnerie, sans oublier la lubrification avec les huiles adéquates.

Les axes en acier sont oxydés, et les aiguilles doivent être rénovées.

Première étape: le démontage et le nettoyage du mouvement

Après avoir observé et analysé scrupuleusement tous les endroits susceptibles d’être usés, en particulier les pivots, le mouvement est entièrement démonté, ressorts de barillets compris.

Une partie des pièces prêtes à aller au bain:

Tout est nettoyé à l’ultrason avec des bains spécial horlogerie en évitant l’eau qui pourrait faire rouiller les pièces en acier. Voici le résultat:

Avant

Après

Avant de remonter, j’ai désoxydé les axes des rouages

Les vis

Il m’a fallut apporter un soin particulier aux vis du mouvement qui étaient dans un sale état. Quelques photos valent mieux qu’un long discours:

la vis est très abimée, elle est plaçée dans un tour à vis

Travail à la lime sur une vis avant polissage et bleuissage

la même vis après le limage

polissage d’une vis

après polissage, les vis sont prètes à être bleuies

Le bleuissage en horlogerie est une technique ancienne qui permet de durcir l’acier tout en le protégeant de la rouille par traitement thermique. Le résultat est satisfaisant, les vis peuvent reprendre leur place.

Et pour finir le travail, je me suis penché sur les aiguilles qui réclamaient un peu de soin. On voit sur la photo suivante une réparation ancienne sur l’aiguille des minutes, une soudure à l’étain un peu grossière à mon goût. Je l’ai tout de même conservée mais j’ai limé les excédents de matière pour revenir à une forme plus élégante.

J’ai ensuite poli au papier fin les aiguilles pour obtenir un état de surface sans rayures. Ne pouvant pas chauffer le métal pour effectuer un bleuissage sans faire fondre la soudure à l’étain, j’ai opté pour un passage à la bougie et trois couches de vernis.

Remontage

Le remontage du mouvement comprend le calage de la sonnerie à délai et la lubrification avec les huiles et graisses spéciales horlogerie

Réglage

Pour permettre le réglage, le mouvement est monté sur le châssis sans le cadran pour avoir accès facilement au balancier. Celui-ci est muni d’une vis sous la lentille qui permet le réglage en hauteur de celle-ci.

Le principe est le suivant:
Si la pendule avance, on doit descendre la lentille du balancier
Si la pendule retarde, on doit monter la lentille du balancier

Entretien

Cette pendule ne nécessite pas d’entretien particulier, si ce n’est le réglage qui peut être modifié par la température (l’acier se rétracte au froid, si bien que la pendule peut prendre de l’avance), ou bien par d’éventuelles poussières qui pourraient freiner le mécanisme par exemple. Auquel cas il convient d’agir progressivement sur le balancier comme expliqué plus haut, mais toujours avec délicatesse et souvent sur plusieurs jours.

Une pendule est sensible au calage, il est important d’avoir un tic tac bien régulier de manière à éviter un mouvement « boiteux » ce qui peut provoquer l’arrêt. Il est conseillé de marquer son emplacement au mur.

Ce type de mécanisme est robuste, toutefois il est plus que centenaire, ainsi, si la pendule est utilisée au quotidien, il sera judicieux de prévoir une révision par un horloger qualifié d’ici quelques années. En effet, les huiles finissent par sécher et les pivots risquent de s’user, ce qui demande une intervention plus onéreuse au final.

En ce qui concerne la sonnerie à roue de chaperon, il est très important lors de la mise à l’heure de bien laisser sonner les coups au passage des heures et demi-heures, sous peine de décaler la roue (on dit alors que la sonnerie « décompte »). La pendule risque alors de sonner les heures à la demi-heure, ou bien sept coups à huit heures par exemple. On voit sur la photo suivante entourée d’un cercle bleu une petite pièce qui s’appelle le couteau. C’est cette pièce en action avec la roue de chaperon qui détermine le nombre de coups à sonner. On peut en passant délicatement la main y accéder et la soulever doucement pour libérer la sonnerie. De cette manière, il est possible de corriger l’erreur.

Pour finir, un peu d’histoire:

Lorsque je rénove des objets anciens, j’aime faire quelques recherches sur leur histoire et origine. Voici ce quelques liens sur ce que j’ai pu trouver sur Jean Vincenti et la maison Roux et Cie à Montbéliard:

http://www.patrimoine-pays-de-montbeliard.fr/index.php?id=253

http://patrimoine.bourgognefranchecomte.fr/connaitre-le-patrimoine/les-ressources-documentaires/acces-aux-dossiers-dinventaire/etude/ca949fe0-8a00-40ba-9166-9ea7dc6a2671.html

http://musee-horloger-lorris.fr/conseilspapyclock4.html

Ce que je n’ai pas réussi à déterminer c’est l’année de fabrication, ce qui devrait être possible selon le numéro de série 148 508. Ami lecteur, je suis preneur de toute information.

Ce que je sais toutefois par son propriétaire, c’est que cette pendule servait de référence pour les pointages aux établissements Ruchaud, entreprise fondée en 1896 en Vendée.

https://www.ruchaud.fr/

Quelques images:

Mouvement de pendule Oeil de Boeuf du XIX° après révision

le mouvement vu de l’arrière

yannbeysson-horlogerie.com.png

la boite avant le travail sur le gong

curieux ce numéro, on le retrouve gravé sur le balancier, que j’ai pesé, c’est son poids..

détail du gong et des vis de fixation polies

Yann Beysson, horloger diplômé de l’école de haute horlogerie Charles Édouard Guillaume.

contact:

yann.beysson@gmail.com

06 45 40 58 80